Depuis
plus de trois mois les militants de Libertat ! font face à une
offensive policière et judiciaire sans précédent. Durant la soirée
de la fête de la musique, le 21 juin, organisée à la Tor deu
Borrèu, au Hédas, à Pau par Libertat ! et les sympathisants
du lieu, la police est intervenue avec une violence démesurée. Tout
porte à croire que cette action était préméditée et recherchée
par les forces de l'ordre. Après cet événement trois militants ont
été convoqués plusieurs fois au commissariat, concernant des
supposés manquements aux lois régissant les débits de boisson et
le tapage nocturne (lors de la fête de la musique), mais également
par rapport à un tract diffusé lors de la manifestation en soutien
aux Calandretas et plus particulièrement à celle d'Artics (Béarn).
Suite à cela un militant passera en
procès le 17 octobre 2014 au tribunal de police de Pau à 8h45.
Nous
avons donc là deux affaires apparemment distinctes mais en y
regardant de plus près et en replaçant les affaires dans leur
contexte nous arrivons bien à une seule et même affaire politique.
Revenons
un peu en arrière : le préfet des Pyrénées Atlantiques,
Monsieur Pierre-André
Durand, a ordonné au mois de janvier/février une action visant à
déloger la Calandreta (école immersive en occitan) d'Artics en
Béarn. Face à cette énième et inique attaque contre notre langue
et notre culture, Libertat ! avait décidé de participer à la
manifestation. La situation de notre langue est catastrophique, et en
général la situation du service public est de pire en pire. Fermer
une école est un acte gravissime et révoltant, face à cela nous ne
pouvions que réagir à la hauteur de l'attaque. C'est bien parce que
fermer une école est une véritable saloperie, que nous avons mis en
titre de notre tract « Préfet salaud ». Un salaud,
c'est un « homme méprisable, qui agit de manière déloyale »
nous laissons à nos lecteurs le soin de voir si le mot était
approprié à la personne dans ce cas donné. L'histoire aurait pu
s'arrêter là, le préfet aurait pu se rendre compte de l'énormité
qu'il commettait, certes au nom de la loi, et donc faire amende
honorable, mais bien entendu le repenti n'est pas inscrit dans les
gènes du pouvoir républicain.
Continuons,
le 21 juin, la Tor deu Borrèu, bar associatif de Libertat ! à
Pau organisait le traditionnel concert de la fête de la musique.
Tout se déroulait à merveille dans une ambiance populaire, festive,
hétéroclite musicalement (poésie, slam, rock, rap, funk) et osons
le dire « bon enfant » jusqu'à l'arrivée de la
maréchaussée. Une fois n'est pas coutume, la police par son
incroyable gestion de l'ordre public, a réussi par ses agissements à
transformer un concert en zone de guerre. Le niveau de violence
employé, pour faire stopper un concert lors de la fête de la
musique ne peut que poser des questions sur le rôle des forces de
l'ordre, si ce n'est faire peur, choquer et générer un sacré
désordre. Les forces de l'ordre, clairement, pensaient gazer le bon
peuple docile, c'était sans compter l'effet papillon, les insultes,
les coups, les tirs de flash-ball et un gazage intempestif a entraîné
un haut niveau de résistance de la part des hestaires (fêtards) :
l'autodéfense populaire. L’incompréhension d'une telle attaque,
lors d'un événement festif, additionné à un ras-le-bol général
de cette société oppressive, a mis le feu aux poudres.
Ce
21 juin, est clairement une victoire du peuple face à la perdition
d'un pouvoir qui le nie et le méprise. Le manquement à l'autorité
est plutôt difficile à digérer pour un dispositif qui ne
fonctionne que sur le respect de son autorité. Le respect est une
chose qui se mérite, quand on lui retire toute la machine s'enraye.
Bien
entendu, l'étonnement et la rage passés, nous nous sommes
interrogés sur les motifs d'un tel acte barbare (oui c'est de la
barbarie d'insulter, envoyer des flash-balls et gazer des enfants,
des vieux, des jeunes, des voisins qui n'ont rien commis de
répréhensible, si ce n'est de faire la fête ou de vivre dans ce
quartier). Après une enquête faîte par nos soins, il est
clairement ressorti que tout cela était recherché et même
prémédité. Avoir sous la main aussi rapidement des fourgons de CRS
en nombre, avec des renforts en veux-tu en voilà, genre invasion de
la Pologne, lors d'une fête de la musique ne peut que laisser
songeur. Certes cela ne pourrait que rester des fantasmes de
gauchistes pré-pubères, mais nous avons eu la confirmation par des
gens du quartier et également par un proche d'une personne
travaillant à la préfecture, que l'attaque était bien préméditée.
En effet une demi-heure avant l'agression, cette personne a été
prévenue par un proche que « çà allait gazer à la Tor »
et qu'il valait mieux s'éloigner du lieu.
Alors
vengeance du Préfet ?
Nous le pensons clairement. Touché dans son ego de haut
fonctionnaire et les autorités, peut être, se sont dit tout
simplement que c'était l'occasion de mettre à bas cette
organisation et leur lieu populaire. En effet la Tor deu Borrèu
(Tour du Bourreau) en centre ville dérange : 22 ans
d'animations, d’échanges, de rencontres culturelles, sociales,
politiques, mais aussi lieu de débats, d'informations, de
discutions, de défense de la langue occitane, et accueillant tout
type de public sans discrimination ; lieu de solidarité aux
luttes locales (axe E7 Pau-Oloron, mobilisations anti-fascistes,
université de la défense, etc) et internationales (paysans du
Brésil, du Guatemala, aragonnais, kurdes, palestiniens, du résistant
communiste libanais Georges Abdallah, prisonniers politiques basques,
catalans...).
A
la suite des festivités gazeuses, deux personnes présentes ont été
arrêtées et ont écopé de prison ferme (8 et 10 mois!), et deux
jeunes étudiants ont pris du sursis, basse vengeance de la justice.
Puis
un camarade a été convoqué au commissariat pour des motifs d'ordre
public, bien sûr, vous pouvez voir le ridicule des 4 plaintes, qui
nous amène au tribunal :
-
Tapage nocturne relevé à 2h10 (le soir de la fête de la musique et
avant le vacarme policier!!)
-
Débit de boisson en extérieur. (alors que c'était une table de
grillade, mais pas d'alcool)
-
Bar ouvert à 2h10. (sachant qu'à 2h08 ils ont gazé, on se demande
vraiment qui a pu commander à boire dans une ambiance pour les moins
« piquantes » !).
-
Vente d'alcool à personne en état d'ébriété.
Puis, quelques temps après cette 1ère convocation, deux autres camarades ont été convoqués, mais cette fois-ci, au sujet de « l'homme méprisable qui agit de manière déloyale » : il avait aussi déposé une plainte, cette affaire est d'ores et déjà dans les mains du procureur et nous attendons de savoir si nous serons traduits en justice. Ce mot « salaud » peut nous amener à passer devant le Tribunal de Grande Instance, à avoir un casier judiciaire et une lourde amende. Les seigneurs de cette République sont bien susceptibles et bien protégés !... En tout cas, la policière en charge de l'affaire nous a bien signalé, ou plutôt menacé, qu'il faudra « nous tenir à carreau ! »
Puis, quelques temps après cette 1ère convocation, deux autres camarades ont été convoqués, mais cette fois-ci, au sujet de « l'homme méprisable qui agit de manière déloyale » : il avait aussi déposé une plainte, cette affaire est d'ores et déjà dans les mains du procureur et nous attendons de savoir si nous serons traduits en justice. Ce mot « salaud » peut nous amener à passer devant le Tribunal de Grande Instance, à avoir un casier judiciaire et une lourde amende. Les seigneurs de cette République sont bien susceptibles et bien protégés !... En tout cas, la policière en charge de l'affaire nous a bien signalé, ou plutôt menacé, qu'il faudra « nous tenir à carreau ! »
Mais
quel est donc le but de tout cela si ce n'est constituer un dossier
judiciaire pour arriver à dissoudre nos associations et faire fermer
notre local associatif, empêchant donc la vie de notre mouvement
Libertat !
Nous
avons là affaire à une attaque politique contre notre organisation
qui ne vise qu'à nous faire taire ! Où est donc leur
démocratie chérie ? Tout découle de notre prise de position
face à la fermeture de nos écoles.
Nous
tenons, tout de même, à replacer tout cela à sa juste place, avoir
affaire avec le pouvoir judiciaire quand on est révolutionnaire, est
une chose sommes toute logique. Ce n'est rien comparé à ce
qu’endurent les classes populaires avec la crise générale du
capitalisme. Nous sommes gouvernés par des politiques incompétents
et corrompus qui ne pensent qu'a garder leur cul au chaud. Ils
ruinent nos vies et par conséquent nous les méprisons. Ne le
méritent-t-il pas ?
Ces
procès n'entacheront en rien notre esprit de résistance et osons le
dire, nous renforce dans nos convictions. L'adversité n'est-il pas
le meilleur des ciments ? Leurs petites magouilles politico-
judiciaires nous démontrent simplement que nous sommes un minimum
conséquents.
Nous
ne sommes pas naïfs, nous savons que l’État n'est pas neutre,
qu'il est toujours l'instrument de la classe qui domine la société.
Aujourd'hui, ce sont les capitalistes qui dominent et donc tout
l'appareil étatique qui se conforme à leur vision du monde. La
justice, qui n'est en fait que le pouvoir judiciaire de cette classe,
n'est donc pas neutre. Sinon comment pourrait-on voir quasiment TOUS
les politiques avec des affaires jusqu'au cou, continuer à nous
gouverner en toute liberté. Il n'y a de justice que pour les riches.
Le
Préfet fait partie de toute cette vieille machinerie de contrôle
des populations. C'est le dictateur Napoléon qui a créé cette
fonction, son but était d'être les yeux, les oreilles et les poings
du pouvoir central dans les départements, lors de la pacification
post-révolutionnaire. Cela n'a pas changé d'un iota depuis. Il est
nommé par le gouvernement et n'a à répondre que devant lui. Nous
avons là une fonction complètement antidémocratique qui démontre
bien ce qu'est, et a toujours été la République française. Le
Préfet, dans les nations périphériques dont l’Occitanie,
complète sa panoplie d'une fonction néo-coloniale en continuant à
réprimer nos langues et cultures. La Calandreta d'Artics n'est
malheureusement pas l'exception, les Ikastola (écoles basques) aussi
sont touchées par cette politique de destruction culturelle et
sociale, comme les écoles Diwan en Bretagne.
Face
à cette répression nous appelons tout(e)s les révolutionnaires et
plus largement toutes personnes progressistes et conséquentes à
soutenir les camarades de Libertat ! moralement et
matériellement. Et oui, nous avons déjà 1200 euros de frais
d'avocat, seulement pour la première affaire, sans être encore
passés au tribunal...
Face
à cela un comité de soutien et de solidarité a été créé par
des militants et sympathisants.
Nous
vous appelons d'ores et déjà à nous soutenir moralement et
financièrement.
comitatdesostien@gmail,com
Halte
a la répression politique contre libertat !
Libertat
tà la Tor !
Vive
notre juste lutte, vive la solidarité !
Socialisme
e Libertat !
Vive
l'Occitanie libre !
Tous
devant le tribunal le 17 octobre 2014 à 8h45
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